Les trois piliers requis à toute entreprise innovante

Les trois piliers requis à toute entreprise innovante

Dans cet article je souhaite partager avec vous mes réflexions par rapport à la pratique de la gestion de l’innovation dans une entreprise innovante. Je ne pense pas que je me trompe en affirmant qu’il existe autant de façons de faire la gestion de l’innovation que d’entreprises. Cependant, on peut certainement deviner que toutes les entreprises très innovantes ont quelque chose en commun qui leur permet d’une part de nourrir leur culture d’innovation et d’autre part dynamiser tout leur écosystème  afin de pousser leurs innovations aux limites de l’excellence. Il se trouve que les trois éléments suivants structurent la gestion de l’innovation des entreprises très innovantes: (i) une structure de soutien, (ii) des pratiques adaptées à leurs valeurs d’entreprise et (iii) et des processus adéquats. Développons brièvement le sens concret de ces trois éléments

 

La structure de soutien

Beaucoup d’entreprises affirment avoir implanté un processus d’innovation. Pourtant, une fois en place, celui-ci est ignoré! Sans une culture d’innovation, le quotidien prend le dessus et l’innovation est tout simplement oubliée. Les grandes entreprises innovantes ont compris depuis longtemps que la structure de soutien à l’innovation est très importante et ont crée le poste de gestionnaire de l’innovation, souvent appelé CIO (Chief Innovation Officer) en plus d’un comité aviseur  formé d’experts. La mission du CIO est transversale afin de lui permettre de déployer une stratégie optimale d’innovation. Cette stratégie s’articule principalement autour des points suivants:

  • Soutenir les bonnes pratiques: établir un plan stratégique de l’innovation, encourager la créativité en entreprise et encourager les innovations ouvertes (open innovation)
  • Soutenir les différentes business units: Agir comme un expert en proposant la méthodologie de travail et agir en facilitateur pour apporter toute l’aide nécessaire aux groupes qui travaillent au cœur des innovations critiques
  • Identifier de nouveaux marchés. Analyser les tendances de marché afin de rendre des produits existants plus facilement accessibles à de nouveaux marchés, le terme utilisé dans ce cas est l’innovation disruptive
  • Soutenir le processus de créativité: Mettre en place des plateformes permettant de générer de nouvelles idées, encourager des hackathons, élaborer des stratégies de crowdsourcing internes et externes pour le bénéfice de l’entreprise
  • Financement spécial: Dispose d’un budget spécial pour financer les idées innovantes sans domicile fixe! Tout le monde connait le tournant très positif de l’histoire du Post-it! Beaucoup d’innovations importantes sont nées suite à un accident de parcourt. 
  • Conception d’abris pour les projets prometteurs: Conception de processus élaborés pour les innovations disruptives (portfolio, capex, stage-gate, budget suffisant…) afin de les mettre à l’abri des gestionnaires qui proposent le status-quo 

Beaucoup de dirigeants de PME vont probablement se reconnaître dans certains éléments de la fonction d’un CIO mais peu disposent d’un réel processus d’innovation, à ne pas confondre avec le processus R&D. Ma recommandation est d’encourager le travail collégial par la mise sur pied d’un comité officiel doté d’un solide processus d’innovation et de bonnes pratiques. Les individus qui composent ce comité doivent être issus de différents départements et doivent être reconnus pour leur audace à proposer des idées qui sortent des sentiers battus.

 

Les pratiques de l’innovation

La pratique de l’innovation diffère beaucoup d’une entreprise à l’autre. L’essentiel est de se doter de pratiques pour favoriser un environnement propice à la réussite du processus d’innovation! Nous allons aborder les processus d’innovation dans la section prochaine, mais pour le moment regardons de plus près les pratiques les plus importantes adoptées par les entreprises innovantes qui réussissent bien. 

  • L’innovation fait partie intégrante de leur culture d’entreprise: Tous les dirigeants partagent la même définition de l’innovation avec leurs collaborateurs et vivent l’innovation au quotidien comme un phénomène continu. Cela crée une énergie très favorable pour l’émergence d’idées nouvelles. Beaucoup d’entreprises vont plus encore loin en finançant des programmes de créativité à leurs salariés. Une question à laquelle on répondra dans un autre article est à savoir comment la créativité et l’innovation se connectent ensemble?
  • Des outils collaboratifs adaptés: Mettre en place des plateformes permettant de générer de nouvelles idées, encourager des hackathons, élaborer des stratégies de crowdsourcing internes et externes pour le bénéfice de l’entreprise
  • L’innovation est mesurée: Toutes les activités d’innovation sont mesurées par exemple le temps passé dans les sessions de créativité, les investissements alloués aux formations, les revenus générés par les nouveaux produits, les nouvelles propriétés intellectuelles, …
  • L’excellence à l’innovation est valorisée: Les nouvelles innovations qui atteignent leurs objectifs sont reconnues et les contributeurs récompensés 

 

Les processus d’innovation

Il existe autant de processus d’innovation que d’entreprises. Aux deux extrémités du spectre, on trouve des processus itératifs courts tels que celui proposé par le Lean Startup, et des processus en cascade très complets, à l’image de celui proposé par l’AFNOR pour le management de l’innovation. Dans cet article, nous

Le processus Lean Startup selon Rice

proposons d’expliquer les grandes lignes de l’approche Lean Startup introduite par Rice en 2011. Cette approche connait une grande popularité actuellement même chez les grandes entreprises en raison de son efficacité de prototypage. Toutefois, l’implantation de ce processus dans les grandes entreprises connait certains défis reliés principalement au rythme mal adapté des nouvelles équipes récemment formées sur le processus Lean Startup par rapport au rythme et aux aux façons de faire des grandes entreprises qui demeurent inchangés. je vous invite à lire l’article de Tendayi Viki dans Forbes

La méthode du Lean Startup repose sur un processus itératif court, centré sur l’expérimentation, et structuré par 3 opérations : Construire (Build), Mesurer (Measure) et Apprendre (Learn) (Voir figure). A partir d’une ou plusieurs idées, on construit un MVP (Minimum Viable Product) : le MVP est la plus petite unité testable par des utilisateurs potentiels et la moins élaborée, par exemple une maquette ou un prototype. Le MVP a vocation à être testé le plus rapidement possible de sorte à mesurer ses effets et à collecter des données. Grâce à ces données, l’équipe apprend et met à jour de nouvelles idées. Le cycle peut alors recommencer. Le risque majeur à éviter est de passer trop de temps sur la phase Construire, et de retarder ainsi les phases Mesurer et Apprendre. En effet l’objectif doit toujours être de confirmer le plus rapidement possible si l’idée et le produit créent de la valeur pour le client, et d’apprendre quels sont les points faibles et les points forts de cette idée. De trop nombreuses startups (et équipes projet) passent des mois, voire des années à peaufiner un produit sans jamais le confronter aux utilisateurs. Lorsqu’ils apprennent finalement que ceux-ci ne sont pas intéressés par leur idée, il est souvent trop tard et la startup (ou le projet) meurt.  L’approche Lean Startup vise à lutter contre ce risque, et le concept de MVP y est donc central.

Un second concept central dans le Lean Startup est celui de Pivot : le pivot permet à la startup, ou à l’équipe projet, d’adapter sa stratégie et son produit à chaque nouvelle connaissance acquise par expérimentation. Le changement peut être incrémental, ou radical : dans le cas d’un changement radical, le pivot peut amener la startup à modifier considérablement sa stratégie, son produit, son marché cible, etc. Dans tous les cas, l’approche Lean Startup vise à réduire l’incertitude pour construire conjointement un concept et un marché. Il est important de souligner que la finalité de ce processus n’est ni le produit, ni le chiffre d’affaire, ni le client : la finalité du processus dans l’esprit d’une startup est d’apprendre, à travers des connaissances validées, comment créer une entreprise durable et prospère

En conclusion, une structure de soutien plus des pratiques stimulantes et un processus inspiré du Lean startup sont trois piliers importants adoptés par les entreprises engagées sérieusement dans l’innovation.

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